« Nous – sommes déjà reconnus comme un groupe qui veut la paix dans le village donc écouté » souligne Djelika Keïta, membre du Groupe de Recherche Action (GRA) de MANINKOURA, mariée et mère de 7 enfants.
C’est au milieu de son champ de riz que nous accueille Madame Keïta, cette femme respectée dans sa communauté pour son engagement et son dynamisme, égrène un certain nombre de réalisations effectuées par le GRA de MANINKOURA. (un village qualifié de « Rebel» par les autres village de la commune de Maramandougou dans le cercle de Kangaba par ce qu’il refuse de reconnaitre son rattachement à cette commune avec l’avènement de la Décentralisation au Mali)
Elle explique entre autres comment en qualité de membre du GRA, ils ont apporté leur contribution à la gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs. « Nous avons géré plusieurs conflits qui opposaient les agriculteurs et les propriétaires d’animaux Il arrive fréquemment que ceux dont les animaux ont fait les dégâts refusent la réparation et ne reconnaissent pas les méfaits. Cela peut amener à des conflits ouverts… C’est là que nous intervenons. Nous sommes déjà reconnus comme un groupe qui veut la paix dans le village donc écouté. Alors nous organisons des pourparlers entre les deux pour qu’il ait entente. Et on finit presque toujours à le rétablir entre nous. Certes, avant le « Vestibule de la paix » il existait des personnes dans le village particulièrement les hommes de caste qui jouaient le rôle mais ils sont parfois impliqués eux même dans le conflit. Ce qui rend les choses très difficiles. C’est différent avec nous car grâce aux enseignements du « Vestibule de la paix », nous nous sommes engagés de ne pas prendre part aux conflits. Cela nous permet d’intervenir et de trouver des solutions. »
Pour Mme. Keïta, ce que le « Vestibule de la Paix » apporte le plus, c’est l’occasion de se réunir et de discuter les solutions et les causes des conflits. « Avec la venue du GRA, nous avons pris de bonne résolution. Les conflits ne peuvent être que source de malheurs et jamais de bonheur. Le conflit rend la vie en communauté difficile et ne le rend jamais facile. Dis-toi que quand tu vois un conflit venir, c’est que tu vois venir des difficultés. Nous organisons chaque mois des rencontres de sensibilisation sur les conflits. C’est à partir de ces causeries que nous avons détecté la déscolarisation comme une cause de conflit… »
Se basant sur les causes de conflits, elle fait le tour des difficultés qu’ont les femmes à MANINKOURA. Avant d’ajouter « notre plus grande difficulté est la scolarité des enfants. Cela est dû à la pauvreté dans laquelle nous vivons. Les récoltes ne permettent pas de se nourrir et d’envoyer les enfants à l’école. J’ai moi-même trois filles qui ont été obligées d’abandonner l’école. J’aime, comme la plupart des mamans, voir mes enfants faire l’école mais à cause de la pauvreté, je n’y arrive pas. ».
Les GRA n’ont pas uniquement pour raison de gérer les conflits en cours, ils réfléchissent également sur leurs causes sous-jacentes et leurs solutions possibles afin de continuer à vivre dans la paix et la cohésion sociale. Ces activités mises en œuvre par l’IMRAP, Interpeace, IDS et Humanity United dans le cadre du projet « Vestibule de la Paix » visent à outiller les communautés en prévention et gestion pacifique de conflits pour qu’elles renforcent leurs mécanismes existants de consolidation de la paix au niveau local et national.